Le lagon de Mayotte

Si le qualificatif d'île aux parfums peut se discuter (toutes les îles de la région, de Nosi Bé aux Comores en passant par Zanzibar s'arrogent le titre d'Ile aux Parfums...), celle d'Ile au Lagon n'appelle aucune controverse. Le lagon de Mayotte est vraiment exceptionnel...

 

La barrière de corail

Il existe moins de 10 double barrières de corail à travers le monde. Celle de Mayotte en fait partie. Ourlée d'un récif frangeant, l'île est protégée du grand large par une seconde barrière qui l'entoure à quelques kilomètres des côtes.

 

Passe en S

200 espèces de coraux, 100 espèces de mollusques, Sur les petites parties de la barrière qui ont été étudiées (passe en S et passe de Bandrélé - seulement 4% des récifs coralliens de Mayotte sont connus...), on a pu dénombrer 239 espèces de poissons. 2 espèces de tortues viennent se reproduire ici. 3 autres espèces peuvent être observées. Au moins 270 espèces d'algues, 10 espèces de phanerogames... Cet inventaire, loin d'être exhaustif, prouve la richesse qui se cache sous la surface du lagon qui ressemble au plus vaste aquarium qu'on puisse imaginer.

 

Les premières missions de reconnaissance des récifs coralliens datent des années 1959. Les données biologiques et écologiques sont disparates et essentiellement focalisées sur le récif frangeant. Seule 2/5 de la superficie du lagon serait connue et cartographiée. Le récif barrière est pratiquement inconnu, seuls les secteurs de la passe en S, et de Pamandzi ont fait l'objet d'études.

 

Mais ces récifs sont menacés. Si 50% restent en bonne santé, 14% du linéaire de frangeant présentent des signes de dégradation et 36% sont déjà fortement dégradés ou morts.

On a noté une dégradation inexpliquées de certains platiers de la barrière récifale. L'état de herbiers n'est pas connu.

 

Près de 35% des espèces de cétacés existant sur la panète se retrouvent ici, des baleines aux dauphins en passant par le dugong. Chaque année, la saison sèche (Juillet-Octobre) voit revenir les baleine qui viennent faire naître leur petits dans le lagon qui devient alors leur piscine d'apprentissage de la vie. De même les tortues ont trouvé là un lieu propice pour leur nidification.

Baleines

Avec ses 1500 km², alors que l'île ne mesure que 374 km², il s'étale sur une largeur allant de 3 à 15 km des côtes sur une profondeur pouvant atteindre 90 mètres. Sur 197 kilomètre, la barrière encercle Mayotte, la préservant des éventuels périls exterieurs. Elle transforme le lagon en un lac où l'eau clapote doucement, ne s'agitant que lors des grandes marées.

 

Ces quelques chiffres pour bien faire comprendre l'atout majeur que représente le lagon pour Mayotte. Au-delà de l'impact économique qu'il peut représenter, c'est avant tout une vaste réserve qu'il serait urgent de protéger efficacement et durablement. Les expériences dans le domaine du tourisme "écologique" tentées à Madaagscar (Ile de Sainte-Marie) ou à Mohéli démontre que ce tourisme est économiquement viable. Il consiste à faire venir les gens non pour la pêche au gros, mais plus simplement pour rêver devant le spectacle devenu trop rare de baleines dansant en compagnie de leurs petits.

 

Depuis une trentaine d'années, le lagon connaît un envasement croissant.

 

Que faire pour préserver ce capital ?

La planification et l'aménagement.

Le Schéma Territorial d'Aménagement (STA) prévu prochainement ;

Un Schéma de Mise en Valeur de la Mer est prévu.

Un Plan d'Aménagement et de Gestion du Lagon est prévu, qui devrait fixer les grandes orientations en matière de protection, d'aménagement et d'exploitation du lagon et de ses ressources, en fonction de la vocation des différentes zones.

Le SDAGE et le SAGE : pôle de compétence "eau" mis en place, élaboration prévue du SDAGE et du SAGE

Les études d'impact, relativement récentes à Mayotte, tendent à se multiplier. Mais, est-ce que les prescriptions seront suivies ?

 

Les actions de conservation :

• 2 aires protégées
• 3.500 ha de lagon, soit 2% de la surface lagonaire
• Réserve de la Passe de Longogori (ou passe en S) sur 400 ha : réserve intégrale de pêche (surface totale de la réserve = 10,7 km2).
• Le parc de Saziley : parc territorial sur 3.500 ha dont 3.100 ha sur le lagon et le récif barrière. Le plan de gestion devrait prochainement être proposé.
• Surveillance par la Brigade du lagon (2 personnes, peu de moyens)
• Le Conservatoire du Littoral : 2 sites acquis (322ha) 6 sites approuvés sur 1.710 ha